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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Comment les personnes qui l’ont connue dans son pays ne l’aimeraient-elles pas, à jamais !…

C’était Mme  de Tourzel qui avait remplacé la Duchesse de Polignac auprès des Enfans de France. — Je les avais confiés à l’amitié, lui dit la reine en lui donnant l’investiture de cette charge, — je les remets avec confiance entre les mains de la vertu.

Quand on demandait à les voir dans leur appartement, ceci ne faisait aucun plaisir à la Reine, attendu qu’on les détournait de leurs études ou qu’on les pouvait gêner dans leurs récréations. J’en étais prévenus, et voilà pourquoi je n’ai vu M. le Dauphin qu’une ou deux fois, et notamment chez Mme  de Maurepas, qui ne pouvait plus sortir de sa chambre, et chez qui la Reine avait eu la bonté de l’envoyer. C’était le plus bel enfant du royaume, avec un teint de lys et de roses, et de charmans yeux bleus ; ses cheveux étaient blonds de la même finesse et de la même nuance que ceux de la mère, et ce qu’il avait de singulièrement joli, c’était un sourire ingénu, bienveillant et fin. Je me rappelle que Mme  de Maurepas (il appelait Mme  de Maurepas, Bonne maman, et c’était par ordre de la Reine, ce qui me rendait un peu jalouse), Mme  de Maurepas, vous dirai-je, lui fit un jour cadeau d’un agréable médaillon sculpté par Houdon, qui représentait une grive morte et suspendue par la patte à un clou de bronze ; c’était une œuvre de patience et d’illusion prodigieuses. Le petit Dauphin commença par examiner cet oiseau, tristement ; et puis il demanda pour quoi on l’avait tué ?… On lui dit que c’était un oiseau de marbre