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SOUVENIRS

en proférant des imprécations atroces. Deux gardes-du-corps en faction pour le service de S. M. (c’étaient messieurs de Varicourt et Desuttes}} furent égorgés à la deuxième porte de son appartement, et ce fut uniquement la résistance de quelques autres gardes-du-corps (et notamment du brave du Repaire), qui lui donna le temps de se dérober aux poignards de ces égorgeurs, qui pénétrèrent jusqu’à son lit, et qui le déchirèrent à coups de sabre et de coutelas ensanglantés. Le Duc d’Orléans se trouvait dans le château parmi les assassins. Messieurs de Montmorin, de Saint-Priest, de Mailly, de Castries, de Vesins, de Sesmaisons. de Villeneuve et de Laurencin, l’ont vu, ce qui s’appelle vu, dans le salon de la Pendule, et, plus tard, à l’entrée de l’Œil-de-Bœuf. Ses affidés cherchaient à forcer la porte du Roi, mais le courage ne tarda pas à lui manquer ; il s’esquiva pour aller se cacher dans une auberge, et l’Évêque d’Agen le rencontra qui s’enfuyait par la route de Saint-Cloud, sur un mauvais cheval de poste.

Nous rentrâmes dans Paris à la suite de la famille royale. Que vous dirai-je de cette majestueuse Princesse et de ce bon Roi, qu’on amène à Paris, comme deux esclaves, au milieu de leurs assassins et précédés pour trophée par les têtes sanglantes de ces deux défenseurs de la Reine ? Ces ingrats et perfides sujets, ces stupides citoyens, ces femmes cannibales et ces montres déguisés ; ces cris de Tous les Évêques à la lanterne ! au moment où ce bon M. de la Fayette ramène le Roi dans sa capitale avec deux Évêques de son conseil dans sa voiture ; trois