pulace, au milieu de laquelle on a reconnu le Duc d’Aiguillon sous les habits d’une poissarde[1]. Les gardes-du-corps, assaillis, reçoivent l’ordre de ne pas se défendre, et dix-huit gardes de la porte sont massacrés et mis en lambeaux avant qu’on ait eu le temps de se concerter avec leurs officiers. Heureusement que le Comte de Saint-Priest s’en mêle ; les gardes-du-corps se rassemblent et finissent pas se servir de leurs armes ; ils tiennent bon jusqu’à dix heures du soir, et M. de Lafayette arrive au château. Il établit des postes de sa garde nationale à toutes les grilles, et s’en va se coucher. Pourquoi fut-il se reposer si vite étant arrivé si tard ? Quand il a voulu répondre à ces deux questions, il n’a jamais pu s’en tirer ni honorablement ni raisonnablement[2].
Toute cette canaille était restée campée sur la
- ↑ Armand de Vignerod du Plessix-Richelieu, Duc d’Aiguillon, Comte d’Aegnois et de Condomois, Baron de Veret, Pair de France, Noble Génois, etc. Il vient de mourir à Hambourg, âgé de 49 ans. (Note de l’Auteur.)
- ↑ Ces vers de l’abbé Delille sont à peu près inconnus en France, attendu que la censure populaire les a fait retrancher dans l’édition française de son poème de la Pitié :
« Voyez-vous ce blafard, ce héros ridicule,
« De l’astre de Cromwell pâle et frois crépuscule,
« Intrigant à la guerre et guerrier dans la paix,
« Qui d’un air bénévole ajuste des forfaits,
« Prend Target pour idole et Favras pour victime,
« Fait honte du succès et fait pitié du crime,
« Arme des assassins, égorge par la loi,
« Veille pour les brigands et dort contre son Roi.