Page:Créquy - Souvenirs, tome 7.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

homme de qualité qui voulût être son compère, à l’effet de tenir avec elle un enfant de sa nièce, Mme de La Fayette, dont elle avait promis d’être marraine, et je ne sais comment elle imagina de la proposer avec mon fils, qui lui répondit : Ma tante, je suis bien étonné que M. de La Fayette ne vous ait pas dégagé de cette obligation-là ! Dites-lui que je vous conseille à tous les deux de faire tenir son enfant par le comité des Recherches et la commune de Paris.

Lorsque l’Assemblée nationale ne voulut plus tenir aucun compte de M. Necker, la moralité de M. Necker se trouvait engagée, disait-il, à la publication de ses comptes, ce qui fit dire au Marquis que M. Necker en était réduit à faire des comptes moraux, en rivalité avec M. Marmontel, (le galant de sa femme).

— Monsieur, disait-il à Chamfort (en 93), il me semble que vous autres gens de lettres n’auriez pas dû favoriser la révolution ; les ministres et les grands de l’État étaient votre gibier ; vous avez eu l’imprudence d’ouvrir vos parcs à la populace, et vous n’avez pas songé que l’effet de votre révolution philosophique serait la ruine des philosophes : il faut être prudent quand on fait la guerre souterraine ; la mine fait quelquefois sauter les mineurs.

Je me rappelle aussi que lorsque le Duc d’Orléans avait eu l’indignité de renoncer à ses fleurs-de-lys, votre père avait dit qu’il avait gratté de son écusson ce qu’on aurait dû lui marquer sur l’épaule ; et puis, que le fils du banquier Laborde ayant sottement déclamé contre la caisse d’Escompte, en