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SOUVENIRS

des motifs les plus déterminans pour moi dans cette ferme résolution, c’est que je n’aurais pas voulu me séparer de mon fils, ni de M. de Penthièvre, qui n’auraient pas voulu s’éloigner du Roi ni de M. le Dauphin.

En attendant, j’avais réformé dans mes relations toutes celles qui n’étaient pas d’une opinion conforme à celle de ma conscience. Je ne voyais plus mon neveu de Lauzun, je n’allais plus à l’hôtel de Noailles, et moins encore à l’hôtel de Salm, ainsi que vous pouvez bien croire ; quand j’étais allée passer un quart d’heure à l’hôtel de Tessé, pour y faire une œuvre de miséricorde, en ce que mon neveu s’y trouvait malade, je ne pouvais m’empêcher d’y dardilloner tout ce beau monde en régénération, et j’en restais comme un porc-épic hérissé, comme un chardon-béni, disait M. de Penthièvre ; mais ce qui m’excédait par-dessus toute chose, c’était l’ennui de me trouver citée pour mes bons-mots dans les malheureuses brochures de notre malheureux parti ; je n’en excepte assurément point les Actes des Apôtres ; car à l’exception de quelques bons articles empruntés à MM. Bergasse et Suleau, tout le reste de ce misérable recueil était un ramassis d’ennuyeuses chansons, de frivolités assommantes et d’obscénités intolérables ! je ne sais si je pourrais me souvenir de mes exécutions épigrammatiques, mais les plus belles étaient du fait de votre père, et si la vivacité de son esprit n’était pas aussi bien connue, tout ce qu’il en a dit à l’hôtel de Tessé ne se concevrait pas. Je me souvient notamment que Mme  de Tessé ne pouvait trouver un