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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

où le docte et sage Julien (dit l’apostat) avait foulé tous les préjugés nazaréens sous ses pieds philosophiques. Les compagnons du nouvel Anarcharsis étaient aussi des hommes libres dont les tristes concitoyens gémissaient dans l’oppression, et c’était l’admiration qui les avait attirés à Paris de toutes les extrémités de la terre, après avoir médité sur la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, déclaration qui venait de constituer la souveraineté générale et particulière de toutes les populations affranchies.

Quelle leçon pour les despotes étrangers ! et quelle consolation pour leurs sujets tyrannisés ! — Nous vous demandons, disait l’orateur Anacharsis, à nous ranger à vos côtés sous les faisceaux de la fédération française, au milieu du Champ-de-Mars, et le bonnet de la liberté que nous élèverons avec transport, sera le gage de la délivrance et de la régénération pour nos malheureux compatriotes, souverains opprimés ! — Nous attendons le résultat de votre délibération sur cette demande, qui nous est dictée par l’enthousiasme de la liberté la plus universelle.

Un autre baron de la même nature, appelé M. de Menou, qui présidait l’Assemblée nationale et qui devait renier l’Évangile pour l’Alcoran cinq à six ans plus tard, le Baron de Menou répondit à tout ceci le plus sérieusement du monde ; après quoi M. le Comte Alexandre de Lameth eut le courage de monter à la tribune et d’y proférer mille sottises avec une solennité burlesque. Il se mit à féliciter la France et l’Assemblée sur le civisme ardent de la grande famille du genre humain, et sur l’auguste