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SOUVENIRS

à M. Target, qui nous préparait, disait-il, une constitution douce comme la nature, en nous faisant espérer le bonheur et la paix suivis du calme et de la tranquillité[1]. Voulez-vous que je vous parle d’un M. Goupil de Prefeln qui reprochait au Marquis de Foucauld de vouloir allumer la pomme de discorde ? Aimeriez-vous mieux que je vous entretinsse de l’Abbé Fauchet qui disant en présence de quarante Évêques de France, et devant un public français : « Oui, Messieurs ! c’est l’aristocratie qui a crucifié Jésus-Christ, et c’est uniquement le fils de Dieu qui doit être la divinité concitoyenne et démocratique du genre humain ! » Il entrevoyait apparemment quelques inconvéniens du pouvoir absolu dans le Père éternel, et quand au Saint-Esprit, il ne s’en embarrassait non plus que de la Sainte Vierge et du Saint-Siége apostolique ; mais comment trouvez-vous sa période de rhétorique et de théosophie constitutionnelles ?

En définition conclusive, on a fait et laissé faire la révolution pour un déficit de cinquante-six millions de rente que la Noblesse et le Clergé avaient proposé de combler à leurs dépens.

En conclusion définitive, après avoir été l’unique souverain de trente millions de sujets, il s’est trouvé que le Roi Louis XVI était devenu l’unique sujet de trente millions de souverains. Il est vrai que la

  1. J’avais pris la liberté de dire, à propos de cet infatigable tribunitien, qu’il n’avait aucune facilité pour parler, mais qu’il avait pour se taire une difficulté prodigieuse.
    (Note de l’Auteur.)