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SOUVENIRS

jour une motion pour obtenir que les noms des membres qui s’étaient retirés de l’assemblée fussent affichés et dénoncés à la malédiction nationale M. de Clermont-Tonnerre eut l’innocence de faire observer que cette mesure aurait l’inconvénient de faire insulter, et peut-être massacrer certains députés que leurs affaires avaient appelés dans leurs provinces. — Eh bien, après ! lui répondit le patriote, et M. Alexandre de Lameth, ajouta qu’il était bon que tous les députés qui s’absenteraient, fussent traités dans le sens de la révolution ; (ce qui ne l’a pas empêché d’émigrer six mois plus tard.)

On a vu dans tous les journaux de ce temps-là, qu’un digne et pauvre officier de fortune, ancien soldat aux gardes françaises, et criblé de balles et couvert de cicatrices, et qui plus est, âgé de 71 ans, était venu pour se plaindre à l’assemblée de ce qu’il n’avait plus aucun moyen d’existence, attendu qu’on avait supprimé par décret toutes les pensions au-dessus du taux de six cents livres, et que celle dont il avait joui jusque-là, s’élevait, malheureusement pour lui, à la somme de sept cent dix francs. Savez-vous ce que lui répondit M. Camus, président de l’Assemblée nationale ! — Allez demandez à dîner à vos parens.

Quand il arrivait une députation des patriotes de Seine-et-Oise, qui venaient se planter en face du côté droit, et qui disaient en regardant fixement ces Messieurs : — Nous venons ici pour dévouer à l’exécration nationale et à l’infamie de tous ceux qui se permettent de faire entendre des argumens fallacieux aristocratiques ou fanatiques dans les discussions de l’As-