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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Grand-Maître ne manqua pas d’envoyer la croix de son ordre au jeune Pougens, sur le rapport de mon oncle, attendu que les récognitions d’un prince de maison souveraine équivalent toujours à des actes de légitimation ; et c’est d’où provient cette maxime de notre ancien droit coutumier, Nul bâtard ne saurait être débouté de noblesse, s’il est reconnu pour issu d’un prince. « Les Rois, dit un autre adage, ne sauraient faire en bâtardise que des Seigneurs et nobles Dames ; les Princes de race souveraine ne font que des Gentilshommes et simples Damoiselles ; mais les bâtards de tous les autres nobles ne sauraient être que des roturiers ou des bourgeoises, à moins que leurs parens n’obtiennent pour eux des lettres de légitimation et d’anoblissement « (ce que les souverains ne refusaient guère aux grand seigneurs). Ce privilége royal et principal, applicable aux bâtardises, est un bénéfice d’exception qui ne m’a jamais choquée ni surprise ; et comme ce sont les Rois qui font les lois civiles, je trouve assez naturel que les souverains législateurs ne fassent pas des lois restrictives au détriment de leur postérité. Je n’ai rien su de Mme de Guimont, si ce n’est qu’elle ne sortait jamais du château de l’Isle-Adam, et que la douairière de Conty l’avait en exécration. On disait que c’était la veuve d’un Écuyer de cette Princesse.

On ne me reprochera pas d’avoir profité de ce qu’il est convenu d’appeler les abus de l’ancien régime. Je n’ai jamais eu ni pensions ni faveurs de la cour, je n’ai jamais sollicité les bienfaits du Roi ni