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SOUVENIRS

laidron chétif : elle a toujours été noire et maigre, tandis que l’autre était blanche et blonde. La première était incrédule et troublée, Mme de Rochefort était religieuse et calme ; elle avait plus d’esprit que de loquacité, ce qui n’était pas le cas de notre parente ; il est vrai que Mme de Tessé, malgré l’exiguité de sa personne, avait des façons très nobles avec le plus grand air ; c’était la seule chose qu’elle tînt des Noailles, et c’était le seul point sur lequel on pût établir quelque similitudes entre elle et la Comtesse de Rochefort[1].

Je vous dirai que Mme de Rochefort était une intéressante et curieuse personne, et c’est curieuse à bien observer que je veux dire. Elle avait toujours aimé le Marquis de Mancini, aujourd’hui Duc de Nivernais, et c’était un sentiment réciproque entre ces deux enfans qu’on avait mariés chacun de leur côté, sans que la Marquise de Céreste et le Duc de Nevers (mère de l’une et père de l’autre) en voulussent prendre le moindre souci. Le petit de Mancini, qui était joli comme un ange, épousa malgré qu’il en eût, la sœur du Comte de Maurepas, riche héritière ; et Mlle de Brancas, qui était belle comme

  1. Marie-Julie-Thérèse de Brancas-Céreste, veuve de Jean-Anne-Julien de Larchan de Kerriado du Liscoët, Comte de Rochefort en Penthièvre et de Lyniac. Elle a épousé en secondes noces Louis-Jules-Mancini Mazarini, Duc de Nevers et de Nivernais, Prince de Vergagne et de l’Empire, Patrice romain, Pair de France, Grand d’Espagne et Noble vénitien (l’un des Quarante de l’Académie française). Il était veuf d’Hélène-Angélique Phélippeaux de Pontchartrain, mère de Mmes de Gisors et de Brissac.
    (Note de l’Auteur.