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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

une sorte d’indécision qui la retiendra dans la témérité de ses jugemens philosophiques ; mais voyez ce que doit être la judiciaire d’un roturier et d’une bourgeoise de ce temps-ci, qui n’ont jamais vu rien de religieux chez leurs parens et qui n’ont jamais rien lu sur la religion que dans les pamphlets de Voltaire ! Ah, pour le coup, la suffisance est prodigieuse ! et c’est alors qu’il faut entendre parler des catholiques et des prêtres comme s’ils ne pouvaient être que des imbéciles ou des imposteurs. Ces deux accusations-là ne répondent à rien et n’ont rien expliqué depuis 1795 ans ; mais l’ignorance des choses de Dieu entraîne toujours l’ignorance des choses du monde, et de certaines choses importantes à bien savoir et fort essentielles à bien observer pourtant ; car j’ai remarqué que lorsque les impies interviennent dans les choses du gouvernement et qu’ils ont à se mêler des affaires religieuses, il en survient toujours une perturbation grave, quelquefois une subversion totale et tout au moins de grands embarras dans les affaires politiques. Il me semble que la constitution civile du clergé, précédée par les empiètemens des parlemens sur l’autorité des Évêques et suivie de la convention nationale, est plus qu’il n’en faut pour appuyer cette proposition.

M. de Vaînes, observateur ingénieux, mais dont l’esprit manquait de justesse, attendu que c’était de l’esprit philosophique, avait fait un long parallèle entre la Comtesse de Rochefort et Mme  de Tessé ; mais c’était à l’avantage de celle-ci, ce qui n’était juste sous aucun rapport. Mme  de Rochefort était belle et grande ; Mme  de Tessé n’a jamais été qu’un