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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

tion de premier ministre (c’était à Jossigny chez ma belle-fille, au milieu de la nuit), il commença par baiser avec un air de profond respect, le sceau royal des Espagnes et des Indes, et puis il se mit à dire, en déposant la dépêche auprès de son lit, sans la décacheter : — Lo mismo diran magnana : Elle dira la même chose demain matin. Il avait de l’esprit à merveille, et ceci n’a pu l’empêcher de faire des sottises en quantité, par la raison qu’il était devenu philosophe économiste. Mais retournons à la poursuite intentée par l’Inquisition contre le protégé de M. d’Aranda.

On avait procédé pendant six mois à l’instruction de son procès, et le seul rapport de son affaire ne dura pas moins de quatorze séances. Les principaux griefs étaient au nombre de 240, et furent appuyés sur les déclarations et l’affirmation de 78 témoins.

Ayant été convaincu (par l’Inquisition) d’hérésie blasphématoire et de profanation sacrilégé, il fut condamné (par l’Oydor et son tribunal séculier) à huit années de réclusion dans un couvent. Il fut prescrit de l’y faire jeûner, pendant la première année, tous les vendredis de chaque semaine, à moins qu’il ne pût en souffrir sous le rapport de la santé, ce qui serait soumis à la décision d’un médecin, nommé par le Majordome de S. M. Catholique et payé par la couronne de Castille, ainsi qu’un directeur expérimenté qui serait désigné par le Patriarche des Indes, et qui ne perdrait pas de vue le condamné Pablo Soarez-Olavidez, en ayant soin de l’entretenir dans un sentiment de résipiscence et de contrition. Le même tribunal ordonnait à ce direc-