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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

résultait que c’était une affaire finie et qu’ils ne voulaient plus en entendre parler…

« Vous pensez bien que je dus considérer ce refus des Ferraz comme une sorte d’insulte ou tout au moins comme une impertinence ; car c’était absolument comme s’ils avaient voulu me faire un don gratuit de ces deux millions. J’en parlai d’abord à quelques négocians de Cadix, mais ils prétendirent que les Ferraz avaient raison, et qu’ils étaient en droit de refus, par la raison qu’on ne doit jamais participer au bénéfice d’un capital encaissé. Moi je soutenais et je m’offrais à prouver que le capital de Livardez était réellement demeuré sur mes vaisseaux, et que s’ils avaient péri, corps et biens, j’aurais eu droit à me faire rendre le million que j’avais remboursé préalablement ; mais je vis bien que le nom des Ferraz en imposait, et que si je demandais une junte de négocians, leur parèré me serait défavorable.

« J’allai consulter plusieurs avocats. Ils me dirent :

« 1o Que les frères Ferraz ayant retiré ce capital, au mépris de la condition commanditaire, et contrairement à la volonté de leur oncle défunt, et que moi, son associé pour la commandite, ayant employé le million suivant l’intention dudit oncle, le dit capital était légalement, positivement et incontestablement resté sur mes navires.

« 2o Que le million encaissé par les Ferraz était un million qui différait absolument d’origine, attendu qu’il était provenu de ma caisse, et que