Page:Créquy - Souvenirs, tome 6.djvu/74

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
70
SOUVENIRS

des affaires avec mes parens et surtout avec les Ferraz à qui je compte laisser toute ma fortune. Ce serait m’exposer à des embarras pour la rentrée de mes valeurs, avec des retards ou des procédés ruineux et des délicatesses qui me seraient insupportables. Il me parla si raisonnablement qu’il sut me persuader, et d’autant mieux que, par-là, je n’entrais véritablement dans aucune relation d’affaires avec les Ferraz. Enfin de retour à Cadix, au moyen du million de ce bon Livardez, j’ajoutai un navire aux deux autres que j’envoyais aux Philippines, après quoi je n’y pensai plus.

« L’année suivante, il arriva que le pauvre Livardez mourut, et Sancho Ferraz m’écrivit qu’ayant trouvé sur les registres de son oncle qu’il avait placé un million chez moi, il me priait de le passer à son ordre. J’aurais pu l’instruire de nos conditions à l’égard de la commandite, mais je ne voulais rien avoir à démêler avec les Ferraz, et je renvoyai le million purement et simplement.

« Mes vaisseaux revinrent des Philippines au bout de 27 mois et mon capital avait triplé ; il devait donc revenir encore deux millions au défunt Livardez ou ses ayans-cause ; il me fallut entrer forcément en correspondance avec ces ennemis héréditaires, et je leur écrivis qu’ils avaient à tirer sur moi pour deux millions.

« Voilà que ces gavaches me font répondre que le capital réclamé par eux comme héritage de leur oncle étant encaissé depuis deux ans, il en