Page:Créquy - Souvenirs, tome 6.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
67
DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

quelles il ne voulût se prêter ; mais l’offense était faite : Domingo Soarez rompit toute espèce de commerce avec les Ferraz, et en mourant, il recommanda à son fils de ne jamais entretenir aucune relation avec eux.

« Luiz Soarez, mon père ; obéit pendant long-temps à la volonté du sien ; mais le malheur des temps et les nombreuses banqueroutes occasionnées par les guerres de la Succession, qui diminuèrent inopinément le nombre des maisons de commerce, le forcèrent, en quelque sorte (il ne m’appartient pas de le juger rigoureusement), à correspondre avec cette première maison de Madrid ; il ne tarda pas à s’en apercevoir, ainsi que vous en conviendrez bientôt.

« Je vous ai déjà dit que nous avions part à l’exploitation des mines du Pérou, et cette circonstance mettant entre nos deux établissemens force lingots, nous avions pris l’habitude de les employer à nos paiemens, qui, moyennant cela, n’éprouvaient jamais les variations du change. À cet effet, nous avions fait confectionner des caisses en bois de cèdre qui contenaient chacune cent livres d’argent ; ce qui, comme vous savez, représente à peu près deux mille sept cent cinquante-sept piastres fortes et six réaux. Vous avez pu voir encore et vous avec dû remarque quelques-unes de ces vieilles caisses au magasin no 77. Vous aurez vu qu’elles étaient solidement garnies en fer, et j’ajouterai qu’elles étaient munies de cachets plombés à la marque de notre comptoir. Dans ce temps-là, chacun se moquait, dans tous