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SOUVENIRS

Cadix un des comptoirs les mieux réputés de l’Europe marchande. Il eut occasion de faire un voyage à Madrid… Mais j’aime mieux vous laisser conter la première partie de son histoire par M. le Comte de Cagliostro qui, disait-il, en avait écrit le récit sous sa dictée. Vous savez à quelle intention le Prince Ferdinand de Rohan m’avait fait confier la plus grande partie des manuscrits dudit Cagliostro, dont j’avais traduit les mémoires pour les faire connaître au Roi Louis XVI ; enfin voici la traduction de ce morceau biographique dont j’avais fait l’extrait pour mon propre compte, et parce que j’y voyais la peinture d’un caractère intéressant par son originalité, parmi nous autres Français du moins ; car j’avais toujours entendu remarquer que l’ancien type de l’honorable commerçant ne se trouvait plus qu’en Espagne où l’on n’entend jamais parler d’une banqueroute indigène. C’est Cagliostro qui va faire parler Pablo Soarez, lequel est devenu Comte d’Olavidès et Titré de Castille.

« Je suis né d’une ancienne famille de commerce originaire de Valence, à Potosi de la Plata, en 1723, mais je ne restai pas long-temps dans notre comptoir d’Amérique, succursale de notre comptoir de Cadix. Mon père avait su que je m’étais emparé d’un livre français que je m’essayais à déchiffrer ; il se trouva que c’était un Traité philosophique sur l’existence de l’âme des femmes, et l’auteur était d’avis que les femmes étaient animées par une sorte d’esprit analogue à celui du démon. Ce volume était arrivé chez nous, en pacotille, et l’auteur de cet ouvrage avait nom le