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Mme de Villette (prétendue Belle-et-Bonne), au coin de la rue de Beaune et du quai des Théatins[1]. Il y descendit effectivement, le 10 février 1778, et, sans y prendre une minute de repos, il s’achemina sur ses jambes, et se rendit impatiemment chez son bon ami d’Argental qui demeurait sur le quai d’Orsay, tout auprès de l’ancien hôtel d’Aiguillon, qui est aujourd’hui la maison des coches[2]. Il était enveloppé dans une grande pelisse de velours cramoisi galonnée d’or et fourrée de martre, avec un bonnet assorti, ce qui fit que les passants le prirent pour un masque, et que les polissons se mirent à crier sur lui. Voici le bulletin de ses faits et gestes, ainsi que je l’avais écrit pour Mme de Louvois.

Le lendemain matin, dès sept heures, il était sorti de son lit, et recevait déjà des félicitations philosophiques. Il était enveloppé dans sa fourrure, et

  1. Il paraît que rien n’est plus étrange et de si mauvais goût que l’ajustement et les distributions de cette petite maison dont tout te monde se raille. Les quatre ou cinq pièces du premier étage ont été sacrifiées pour former un grand salon dont la voûte s’élève jusqu’au grenier, en coupant tout le reste du bâtiment dans sa hauteur et sa largeur. La salle à manger est au deuxième étage ; on y monte par un tortillonnage en bois rustique, et les murs y sont magnifiquement tapissés en papier verdure, afin d’imiter un berceau de guinguette. L’appartement de M. de Villette est d’une recherche étonnante et d’un ridicule achevé. Il est situé sous les combles et l’on dit qu’il s’y trouve une ménagerie au milieu d’une petite naumachie. Mme la marquise couche dans une armoire au bout d’un corridor.
    (Note de l’Auteur.)
  2. À présent l’hôtel des Gardes-du-Corps.