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et de détails et de soins dont nous ne sommes plus capables[1].

« Du reste, de quelque façon qu’on me traite, qu’on me tienne en clôture formelle ou en apparente liberté, dans un hôpital des pauvres, dans un hospice des fous, ou dans un désert, avec des gens doux ou durs, faux ou francs, si de ceux-ci il en est encore, je consens à tout, pourvu qu’on rende à ma femme les soins que son état réclame, et qu’on nous donne le couvert, les vêtements les plus simples et la nourriture la plus sobre, sans « que je sois obligé de me mêler de rien. Nous donnerons pour cela le peu que nous avons d’argent, d’effets et de rentes, et je pense que cela pourra suffir pour des provinces où les denrées sont à bon marché, ou bien dans les maisons destinées à cet usage, où les ressources de l’économie sont connues et pratiquées avec intelligence.

« Nous nous soumettons de bon cœur à toutes

  1. M. le Begue de Presle, censeur royal et docteur en médecine, était un ancien ami de Rousseau, et le médecin de ma belle-fille. Il nous a conté qu’il était allé voir Jean-Jacques à Ermenonville, environ quinze jours avant sa mort, et qu’il l’avait trouvé portant une dame-jeanne remplie de gros vin rouge, et remontant péniblement l’escalier de sa cave : — Comment prenez-vous cette peine-là, mon ami ? — Mais je n’ai personne… — Et Mme Rousseau qui se porte si bien ?… — Que voulez-vous, quand elle va dans la cave, elle y reste…
    (Note de l’Auteur.)

    L’éditeur de la Correspondance de Grimm a cité la même anecdote, en s’appuyant sur l’autorité du Docteur Begue.
    (Note de l’Éditeur.)