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dans ce monde, elle revint à Paris en 1736 ; M. le Maréchal de Richelieu peut témoigner qu’il est allé, de la part du Roi, lui faire plusieurs visites à l’hôtel du Pérou, rue Taranne. Elle y logeait, lui dit-elle, en attendant qu’elle eût fait choix d’une communauté religieuse où elle se proposait de vivre dans la retraite, uniquement occupée de ses derniers malheurs, les seuls dont elle conservât un souvenir douloureux. Mécontente de n’avoir pu obtenir un logement qu’elle avait arrêté dans le couvent de Belle-Chasse, et se sentant le besoin de respirer un air libre et pur, elle se résolut à fixer sa résidence à la Meulière de Vitry, qu’elle acheta cent douze mille francs de M. le Président Feydeau, en l’année 1737. L’Impératrice Reine lui a payé jusqu’à sa mort une pension de 45 mille livres, dont cette excellente personne employait les trois quarts au soulagement des pauvres, ainsi qu’on l’apprend de M. le Curé de Choisy. C’est M. l’Ambassadeur impérial qui a fait les honneurs et conduit le deuil à ses funérailles, et c’est M. l’Abbé de Souvestre, Aumônier du Roi, qui est venu dans l’église. paroissiale de Choisy, pour y faire l’office et l’absoute, par ordre de S. M. »

Voilà ce qui nous fut débité dans tout Paris, sans réclamation ni contestation d’aucune autorité française et d’aucun personnage étranger ou régnicole. On devait penser naturellement que si ce récit n’avait été qu’une fable, il n’aurait pas manqué de trouver démenti par ordre du Lieutenant de Police, et tout au moins par le Maréchal de Richelieu qui