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la guérison du Chevalier fut assurée, ils songèrent à garantir à leur fille une honnête aisance : les fonds qu’ils avaient apportés d’Amérique n’étaient pas suffisants pour les rassurer sur l’avenir et le mari se fit recommander aux directeurs de la compagnie des Indes, afin d’obtenir un emploi qui. lui permît d’économiser le revenu de ses capitaux.

« Pendant qu’il était à solliciter, Mme d’Aubans allait quelquefois se promener aux Tuileries avec sa fille, et ne croyait plus risquée d’être reconnue de personne : il arriva qu’un jour elle y causait avec sa fille, en allemand ; le Comte, depuis Maréchal de Saxe, était venu s’asseoir derrière elles, et quand il entendit parler la langue, de son pays, il s’approcha d’elles ; Mme d’Aubans leva la tête, et le Comte de Saxe, en recula de surprise, et d’effroi. La Princesse Charlotte ne fut pas la maîtresse de lui cacher son trouble. le Comte de S’axe, y mit une expansion si remplie de cordialité et si loyale qu’elle ne put lui dissimuler la part que sa tante avait prise à son aventure, et ce fut en lui recommandant bien d’en garder le secret le plus profond.

« Il le promit sous la réserve de le confier uniquement au Roi dont la discrétion parfaite et la générosité sont assez connues. Mme d’Aubans y consentit à la condition qu’il ne le dirait que dans trois mois, et le Comte de Saxe en prit l’engagement. Elle lui permit de venir quelquefois chez elle mais sans suite et pendant la nuit, afin d’éviter les remarques de ses hôtes et de ses voisins.