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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

bitudes, lui aura fait abréger sa signature, et je n’aurais jamais cru qu’un personnage tel que M. le Mis de Villette pût être ce qui s’appelle diminué.

« Si c’est en effet M. le Marquis de Villette que la révolution aura jeté du Journal de Paris dans la Chronique nationale, je prendrai, Messieurs, la liberté de lui faire observer, comme bourgeois de cette ville, que je ne le trouve pas moins déplacé dans notre état qu’il était intrus dans la situation qu’il vient d’abdiquer. Tel est le sort d’un anobli, lequel est toujours également étranger aux gentilshommes et aux bourgeois, et qui par conséquent doit passer toute sa vie dans les limbes de la société.

« Monsieur le Marquis de Villette n’a pu devenir tout-à-coup M. Villette impunément ; je ne le souffrirai pas ! Quoi donc ! il aurait été bourgeois-gentilhomme pendant la première moitié de sa vie, et il serait gentilhomme-bourgeois pendant la dernière ce serait réunir trop d’avantages à la fois, et ce serait une accumulation de priviléges tout-à-fait scandaleuse. Il ne lui manquerait plus que de devenir la coqueluche de toutes les femmes après avoir été… D’ailleurs, Messieurs, quand on fait des sacrifices à la démocratie, il faut les faire en monnaie de bon aloi, et le sacrifice du marquisat de M. Villette est par trop billet de caisse. Je ne connais que M. Mathieu de Montmorency qui puisse se vanter d’avoir sacrifié quelque chose en renonçant à sa noblesse ; car vous savez sûrement que ce bon jeune homme ne veut plus être qu’un Mathieu tout court, en sa qualité d’Apôtre de l’abbé Sieyes et