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SOUVENIRS

pérée, et ce qui terminait justement la citation de ces vers de Zaïre que tout le monde cherchait, et dont le dernier hémistiche était ce fameux Coucy !

Ce fut, on est obligé de l’avouer, un heureux et curieux Calembourg. C’est ainsi qu’on s’obstinait à nommer ces sortes de jeux de mots[1].

  1. Toutes les plaisanteries de M. Maréchal de Bièvres n’etaient pas d’aussi bon goût ; je me rappelle en avoir entendu conter une ou deux que je n’ai pas enregistrées et dont je n’aurais pas dû garder le souvenir ; mais le ridicule y domine tellement sur le reste, que j’en prends mon parti. Je les mettrai seulement à part des autres en brebis galeuses et hors de l’étable.
    On n’avait pu s’en empêcher d’entendre parler d’un certain M. Dumoncel, habile ingénieur et gros mangeur qui ne se retendit et ne se refusait à rien pour se procurer toute sorte de soulagement. Il avait fait grand bruit et s’était fait chasser du parterre de l’Opéra parce qu’il était sourd et tant il était malpropre. Mais, Monsieur, fut lui dire ce drôle de garçon, à propos de ce qu’il venait d’entendre en marchant derrière lui sur le Pont Royal, mais, monsieur l’ingénieur des ponts et chaussées (c’était avec un ton de reproche), à quoi servent donc les parapets ?…
    L’autre historiette consiste en ce qu’il avait composé la musique et les paroles d’un trio chromatique qu’on devait exécuter chez une précieuse de Genève, appelée Mme Sismondi. Il y avait dans cette cantate des vers d’opéra tels que ceux-ci, par exemple :

    « As-tu pu trahir tes sermens ?
    « Ah ! je sens palpiter mon cœur !
    « Ah ! vous empoisonnez la vie !

    Et ceci n’était ni moins lyrique, ni plus mauvais que toute autre chose qui ne vaudrait pas mieux ; mais il se trouva qu’il avait ajusté tout cela de manière à ce qu’on fût obligé de chanter