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SOUVENIRS

de Paris. Comme on n’osa pas l’imprimer pour la débiter sous le manteau, je vais la faire copier.

DIVERTISSEMENT À LA MODE.

« Moi, je suis gai ! je suis gai comme un pinson vous n’avez pas d’idée comme je suis gai ? J’aime à rire, à jouer des tours, à faire des farces, et c’est vous dire assez que je suis le meilleur homme de la terre, j’ai fait bâtir un pavillon, j’ai fait dessiner et planter un jardin superbe à Mousseaux ; j’y donne des fêtes, ah quelles fêtes ! c’est pour en mourir de rire… ah ! ah ! ah ! ah ! … Imaginez que j’avais fait prier à dîner un jeune vicaire de St-Philippe-du-Roule, et que nous étions servis à table… ah ah ah ah ! servis à table par des négresses… ah ! ah ! ah ! ah ! … par des négresses toutes nues… ah ! la rate ! ah ! c’est pour en mourir de rire ! ce garçon-là n’osait pas lever les yeux, il ne voulait pas manger, mais nous l’avons fait boire… — ah ! sacristie ! sacristie ! … disait-il en pleurant… C’était à se tenir les côtes ! vous pensez bien qu’il est allé s’en plaindre et que nous avons soutenu qu’il était un menteur, un imposteur et ce qu’il y a de plus charmant, c’est qu’on l’a mis en pénitence dans un séminaire, pour lui apprendre à calomnier un prince ! un prince qui donne sa parole d’honneur ! un prince enfin, qui avait eu la bonté de lui donner à dîner dans son pavillon de Mousseaux !!! Il en a pour six mois de prison et j’en rirai jusqu’à la fin de mes jours ! Ensuite il faut vous dire que je donne des billets pour se promener dans mon parc à des