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SOUVENIRS

Sceaux, ni du côté de M. de Vergennes. Ils savent très bien ce qu’ils font. L’un connaît le droit français, l’autre la politique étrangère et la coutume romaine. Mais ils s’entendent avec notre ennemi ; mêmes vues, même sentiment d’envie, même aversions ! Ils savent que l’Archevêque-Électeur de Mayence, Métropolitain de Strasbourg, revendiquera le droit de faire instruire et celui de juger une accusation dont on charge un de ses suffragans. Ils savent que le clergé français va faire des remontrances, et que tous les Princes de l’Empire vont murmurer. Ils se taisent en ayant l’air de déférer à l’apparente équité d’un renvoi devant la magistrature nationale.

« Si les clameurs sont faibles, l’information n’en sera pas ralentie ; si les difficultés grossissent, le Roi, ou plutôt ceux qui dont parler S. M. parce qu’ils ont surpris sa religion, seront obligés de reculer, ce qui serait bien avantageux pour nous, car Votre Altesse imaginera fort aisément qu’il faudra trouver une victime à l’autorité compromise. Alors, pourquoi celui qui a été l’agent de toute cette manœuvre, ne serait-il pas chassé du ministère qu’il occupe, et signalé comme étant l’auteur de cet infâme complot ? Tous les intérêts seraient conciliés par cet acte de justice et de fine politique. On aurait laissé compromettre la dignité de la couronne et le nom sacré de la Reine. On aurait insulté la pourpre romaine et l’épiscopat par un débat scandaleux. De profondes vengeances auraient été exercées contre votre fa-