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SOUVENIRS

une légèreté merveilleuse et dorées au mat ; le train doré, les roues cannelées et dorées, ce qui va sans dire, et les moyeux des roues en argent massif, ce qui paraît la moindre chose, au milieu de tout le reste.

« Telle est la description de ce prodigieux équipage, ainsi qu’elle a résulté de nos observations ; ayant eu le bonheur d’être admis à le contempler dans la cour de l’hôtel de M. le Duc du Chastelet, où ce jeune seigneur avait ordonné qu’on la conduisît, à dessein de la faire voir à ses amis ainsi qu’à plusieurs dames de sa famille. On nous a dit que les deux chevaux blancs, qui conduisaient le carrosse à Longchamps, étaient harnachés en tresses d’or et gros-vert, qu’ils étaient ferrés d’argent, et qu’ils portaient des panaches, ce qui serait effectivement d’une indécence intolérable ; mais nous donnons ceci comme un bruit de la ville, en ne garantissant, suivant notre usage, que ce dont nous nous sommes précisément et positivement assurés. »

J’étais chez mon neveu du Châtelet quand il y fit amener cette voiture, et je n’ai jamais vu description plus exactement conforme à la vérité que celle de ces imbécilles des nouvelles à la main.

On avait arrêté au milieu de l’avenue de Longchamps cette Vénus Aphrodise (autrement dit née de l’écume des flots) ; on envoya la déesse au Fort-l’Évêque et sa coquille de nacre en fourrière. Il ne faut pas croire que ce fut, ainsi que l’on dit certains journaux étrangers, parce que son vis-à-vis avait paru plus beau que le carrosse de la Reine (qui n’était pas à Longchamps); ce fut uni-