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SOUVENIRS

son équipage n’était pas aussi modeste que sa toilette, ainsi que vous en pourrez juger par cette description que nous en donnèrent les nouvelles à la main.

« Ce carrosse consiste en premier point dans une caisse de vis-à-vis à fond d’or, laquelle est ornée des plus brillantes et des plus fines peintures en arabesques de couleurs variées. On y voit sur les panneaux des amours qui forment des chiffres en guirlandes de leurs, et rien n’est plus admirablement traité que ces beaux ornemens, qui ne sauraient être sortis que d’une imagination riante et d’un pinceau aussi habilement exercé que celui du premier élève du célèbre M. Boucher, le sieur Jâron, jeune artiste sans rival pour ces sortes de compositions galantes et pour le fini des œuvres de goût. L’intérieur de ladite caisse est garni pour l’impériale d’une glace à biseau sans tain, fondue pour la place, et défendue à l’extérieur et contre la grêle par un grillage assez serré, mais très léger nonobstant, lequel est en bronze doré, ciselé en

    qu’elle avait été si mal élevée, qu’elle ne savait seulement pas son Pater ! — Ah ! je ne sais pas mon Pater ? et je ne le sais pas par cœur, et d’un bout à l’autre encore ? Eh bien ! parions six francs que je vais le dire devant tout le monde ? — Les deux demoiselles empruntent chacune un écu de six livres, on dépose l’argent de la gageure en main tierce, et le cercle se forme. — Je crois-t-en Dieu le père tout puissant qui a été conçu du Saint-Esprit de la Vierge Marie qui est descendue aux enfers… — Ah c’est vrai ! c’est ma foi vrai ! s’écrièrent les autres, Mlle  Atalin sait son Pater ! Elle a gagné son pari !

    (Manus. du Chev. de Montbarrey.)