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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Blaise-et-Babet, couleur changeante ; mais c’était, vous en conviendrez, les plus singuliers Palatins et les plus étranges Potoski qu’on ait jamais vus[1].

On savait qu’une belle demoiselle Duthé (je n’ai pas besoin de vous dire la profession qu’elle exerçait) avait fait les plus belles dispositions pour aller se promener à Longchamps ; à présent que j’ai déblayé le terrain sans avoir balayé la route, ainsi que vous voyez, j’en arrive à son aventure.

Elle était vêtue tout uniment, nous dit-on, d’un fourreau très juste en taffetas couleur de chair, lequel était recouvert d’une samaritaine, espèce de longue et large chemise en organdie très claire et bien empesée, qui fronçait autour du col et des poignets, qui descendait jusque sur les chevilles, et qui se rattachait autour de la taille au moyen d’un nœud de rubans noirs ; elle était coiffée d’un léger chapeau de gaze noire à la caisse d’escompte, c’est-à-dire sans fond ; elle avait laissé toutes ses perles avec ses diamans au logis, et vous voyez que sa parure était d’une simplicité qui s’accordait parfaitement avec l’innocence de ses habitudes[2] ; mais

  1. Voyez relativement à ces actes de sensiblesire, la Correspondance de Grimm, tom. V, page 22.
    (Note de l’Éditeur.)
  2. Les jeunes gens rapportaient sur Mlle Duthé qu’un protestant, de Genève, avait entrepris de la convertir en lui faisant lire la Bible : — Pourquoi voudriez-vous, disait-elle en lui bâillant au nez, que je m’occuperais de l’ancien Testament ? J’avais entendu dire qu’on en avait fait un nouveau, et nécessairement, je l’aimerais mieux que l’autre… Ceci me rappelle une histoire de Létorières sur deux demoiselles de l’Opéra qui se disputaient dans les coulisses, et l’une reprochait à l’autre