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SOUVENIRS

crifier, dans certains cas, les devoirs de l’amitié, les obligations de la reconnaissance, et les sentimens de la nature. Vous me dites, Monsieur, que le service du Roi (que vous faites marcher avant celui de la religion), retirera des avantages particulier de notre obéissance à vos ordonnances, et moi, Monsieur, je vous prédis que les prémices de votre ministère annoncent une abondante récolte de félicités publique et particulières pour notre heureuse patrie.

« P. S. Si ma santé m’obligeait à vous demander la permission d’aller aux eaux de Cauterets, qui sont à trois lieues de chez moi, je ne manquerais pas de vous adresser un certificat de mon médecin pour attester la réalité de ma maladie, en ayant soin de lui faire assigner un terme précis pour ma guérison. »


Comme le Roi parut mécontent de la circulaire de M. de Breteuil, on s’en prit au premier commis qui l’avait si mal tournée, et celui-ci fut mis à la réforme avec une retraire de quinze cents francs.

— Mais pourtant, dit M. de Vergennes à ses collègues, il faudrait saisir la première occasion de montrer du nerf.

— Ce n’est pas l’occasion qui est difficile à trouver, répondit M. de Maurepas. — M. de Vergennes a raison, reprisent les autres Ministres, il faut prouver que nous avons du nerf ! et ce fut la promenade à Longchamps qui leur en fournit l’occasion.

Avant de vous raconter cette belle aventure, il