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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

duite et la sainteté de leur vie, n’avait d’autre intention que celle de satisfaire le parti philosophique. La mesure aurait été vexatoire, et aucun Prélat français ne voulut accuser réception de cette lettre. On se contenta de publier un opuscule intitulé : Réplique d’un évêque de Guyenne au Ministre de la maison du Roi. Je n’ai pas besoin de vous annoncer que je ne fus pas étrangère à sa rédaction, et voici, notre réponse au nom des Évêques de France.


« J’ai reçu, Monsieur le Baron, la lettre que vous avez eu la charité de m’écrire en date du 16 octobre. La première phrase est un peu longue, mais avec de la patience on en vient à bout. Je suis fort édifié des sentimens qu’elle exprime. Ainsi que vous le désirez, Monsieur, je résiderai continuellement dans mon diocèse afin de n’en jamais sortir, ce qui me paraît d’une conséquence infaillible, et ce qui, du reste, ne m’est pas arrivé depuis quatorze ans. Mon diocèse a dix lieues de long sur cinq à six de large, et je n’en franchirai jamais les limites avant de vous en avoir demandé la permission. Le clergé de France, le premier corps de l’État, va se trouver régi comme un petit collége, et la religion doit se féliciter de ce que vous en soyez le Régent. J’ai soixante et dix ans, Monsieur le Baron, je croyais mon éducation terminée, mais je crois bien qu’avec un ministre aussi sage que vous, je vais marcher bon gré, mal gré, dans la voie des améliorations patriotiques. Je vous prie de ne pas nous épargner vos bonnes leçons ; elles nous enseigneront à sa-