Page:Créquy - Souvenirs, tome 6.djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.
dans la misère avec les bienfaits du feu Roi, qui suffiraient pour un capitaine de dragons, mais qui sont insuffisans pour l’état qu’on m’a fait

prendre. Il doit surtout comprendre que le plus sot des rôles à jouer est celui de pucelle à la ville, tandis que je puis jouer encore celui de lion à

l’armée. Je suis revenu en France sous vos auspices, Monseigneur, ainsi je recommande avec confiance mon sort présent et à venir à votre généreuse protection, et je serai toute ma vie avec la plus scrupuleuse reconnaissance, Monseigneur, votre très-humble, et très-obéiss. serv.
« D’Éon »

M. de Maurepas ne voulut donner aucune réponse à Mademoiselle d’Éon qui fit semblant de se fâcher ; elle avait juré, disait-on, d’appeler en combat singulier et d’exterminer le Marquis de Phelippeaux d’Herbault, lequel était l’unique héritier et le neveu de ce premier ministre.

« Armide est encore plus aimable
« Qu’elle n’est redoutable !

Disait-il en ricanant ; et voilà comment la monarchie s’en allait avec un homme qui riait toujours. La force est incompatible avec les éclats de rire, et j’ai oui dire à Tronchin que les gens chatouilleux n’étaient jamais vigoureux.