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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Monsieur disait aussi qu’il est impossible de se tromper sur les véritables du Chastel, attendu que, pour la commémoration de leur ancêtre, qui est inhumé dans l’église de Saint-Denis, les moines ont toujours eu l’attention d’inviter ses descendans à la grand’messe de son anniversaire. Il y a d’autres gentilshommes qui portent ce nom-là ; il y a même des familles de la bourgeoisie, m’a-t-on dit, et ce doit être assez désagréable aux personnes de cette maison ; mais, ajoutait Monsieur qui savait tout, on peut être bien assuré que tous les nobles qui ne sont pas reconnus et conviés par les moines de Saint-Denis, et dont les noms ne se trouvent pas inscrits sur les registres de leur communauté, ne sauraient être issus de l’illustre Tanneguy Sire du Chastel et Grand-Maître de France[1].

Ce fut alors qu’on vit surgir de sous terre et se montrer sur l’horison politique un gentilhomme de Provence appelé M. de Mirabeau[2]. Il était poursuivi judiciairement par sa femme ; il était en procès avec son père et sa mère qui plaidaient l’un contre l’autre ; il avait passé la plus grande partie de

  1. La véritable maison du Chastel existe encore ; mais il paraît qu’il se trouve à Paris un ex-ministre du commerce appelé Duchâtel, lequel est grotesquement affublé du prénom de Tanneguy, ce qui dénote une prétention, si ce n’est une ambition ridicule.
    (Note de l’Éditeur.)
  2. Honoré-Gabriel de Riquetti de Mirabeau, Chevalier. Cette qualification était la seule qui lui fût accordée par les cours souveraines pendant ses procès, attendu que celle de Comte n’était pour lui qu’un titre de courtoisie. Il est mort en 1791, âgé de 42 ans.
    (Note de l’Auteur).