Page:Créquy - Souvenirs, tome 6.djvu/174

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE X.


Scandales contemporains. — Beaumarchais. — Jugement de l’auteur sur cet écrivain. — Les tant pis et les tant mieux ! (l’auteur attribue cette diatribe à l’abbé Morellet). — Mot de Louis XVIII sur Beaumarchais. — Tanneguy du Châtel et ses descendans. — Mirabeau et sa famille. — Son pamphlet contre le Garde-des-Sceaux. — Lettre du chevalier d’Éon à M. de Maurepas. — Épigramme de ce ministre au lieu de réponse. — Remarque de Tronchin sur l’organisation des rieurs et sur les effets du rire.

Cependant le philosophisme portait ses fruits, la dissolution minait le corps social, et ce n’était pas sourdement ; elle se manifestait par des écrits incendiaires et des scandales. En voyant les choses à la surface, ou, pour mieux dire, en n’y regardant pas, on avait peine à s’expliquer certains actes d’insolence et d’impunité ; mais en y regardant au flambeau de la raison divine, on en découvrait le principe ; on voyait un ulcère au cœur de la France ; elle était sur le bord d’un précipice, et suivant la parole du prophète, elle y chancelait comme une femme enivrée. On entrevoyait dans une sorte d’obscurité souterraine encore, et dans les ténèbres sillonnées par une suite d’éclairs et de feux sinistres ; on entrevoyait un monstre affamé, cruel horrible ; et si l’on se reculait avec effroi, l’abîme