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SOUVENIRS

de Madame. — On a dit devant moi qu’elle était grosse… ? — Monsieur parut hésiter, et la Reine lu demanda d’un air d’intérêt si l’on pouvait se flatter… — Beaucoup, Madame ! lui répondit son beau-frère, il n’y a pas de jour où cela ne puisse être vrai. — La Reine n’a pas autre chose à me dire ?… — Oh non, lui répliqua-t-elle, vous répondez si bien à mes question que je ne vous en ferai plus.

Voilà tout ce qui s’est passé de plus sérieux entre ces deux Princesses, à la connaissance de leurs familiers, du moins ; et quand on voulait rechercher l’origine de toutes ces vilaines histoires qu’on faisait circuler sur les duretés et les prétendues hostilités de la Reine à l’égard de ses belles-sœurs, on trouvait toujours qu’elles avaient été forgées dans les arsenaux du Palais-Royal.

Cependant les enfans de M. le Duc de Chartres avançaient en âge et croissaient en force, mais on ne pouvait pas dire qu’ils prospérassent du côté de la bonne éducation. M. le Duc de Valois, fils aîné de son père et le digne héritier de leur famille, était lourdement gauche, et vilainement fourbe[1] ; Mlle  d’Orléans, sa sœur, était une méchante pleureuse, et je crois me souvenir qu’il y avait encore

  1. Mgr  le Duc de Valois est devenu successivement Duc de Chartres, Général Égalité, Maître d’écriture et de géographie, Duc d’Orléans, Lieutenant-général du royaume pendant la minorité de Henry V, et Roi des Français malgré la majorité du Roi de France. On verra comment les bonnes leçons de Mme  de Genlis ont réformé les défectuosités de sa première éducation.
    (Note de l’Éditeur.)