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SOUVENIRS DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

dit la Reine, et le Roi n’y trouve aucun inconvénient.

— Madame, avait répliqué sa belle-sœur, il en est de ceci comme de ce que disait Bossuet sur les spectacles, il y a de grands exemples pour et de bonnes raisons contre ; et du reste, une Princesse de Savoie ne saurait manquer de grand exemples à défaut de bonnes raisons.

— Mon frère, avait dit la Reine en s’animant et en appelant M. le Comte d’Artois comme à son secours, venez donc faire la partie de Madame, et prosternons-nous devant les éternelles grandeurs de la maison de Savoie ? J’avais cru jusqu’ici que la maison d’Autriche était la première…

— Mesdames, interrompit M. le Comte d’Artois, j’avais cru tout autre chose, et par exemple, j’avais cru que vous aviez ensemble une discussion sérieuse, mais comme je vois que cela tourne à la plaisanterie, je ne m’en mêle plus.

La Reine à qui l’on eut soin de faire apprendre certaines choses qui n’entrent pas dans l’éducation des Archiduchesses, à ce qu’il paraît, et qui sont relatives à la parvulité des Comtes de Habsbourg, auteurs de la maison d’Autriche, ainsi qu’à la vassalité de la maison de Lorraine à l’égard de la Couronne de France, la Reine en éprouva tant d’embarras et de contrition, qu’elle désira s’en expliquer directement avec Monsieur. Elle le fit prier de vouloir bien passez chez elle, il arriva sur-le-champ, mais son air froid et compassé interloqua tellement cette jeune Princesse qu’elle ne sut que lui dire et qu’elle se mit à lui parler de la santé