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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

femmes auxquelles il faisait toujours et dans tous les cas un mal affreux[1].

Je ne sais et je ne saurais savoir s’il est vrai que le magnétisme est un remède assuré dans toutes les maladies atoniques, et je ne dirai pas qu’il ne soit salutaire aux individus chétifs ou débilités ; mais ce que je sais fort bien, c’est que son emploi m’a paru très dangereux dans les maladies inflammatoires, et tellement dangereux qu’il a déterminé des morts subites en pareil cas. Voilà ce que je vous garantis et dont je vous avertis.

Quant aux phénomènes du somnambulisme, je vous dirai qu’ils n’avaient rien d’incroyable pour moi, parce que j’avais passé mon enfance à ouïr parler de somnambules à Montivilliers, où les Demoiselles d’Houdetôt tracassaient toutes les nuits et sautaient quelquefois par les fenêtres afin d’aller grimper aux arbres, et nager dans les étangs du parc au cœur de l’hiver.

La cadette écrivait comme un chat quand elle était réveillée ; sa troisième sœur avait une fort belle écriture, mais lorsque la contagion du somnambulisme l’avait gagnée, et pendant que les autres étaient à lutiner dans les bois, ladite sœur cadette, appelée Mlle  d’Épronville, se mettait à l’ouvrage et faisait le basogne de tout le monde, en imitant si bien l’écriture de chacune de ses sœurs (à tâtons) que la maîtresse de classe et la propriétaire du cahier ne pouvaient plus recon-

  1. Expertæ crede Robertæ.