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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

des bénéfices de l’apanage d’Orléans, n’était pas toujours un don gratuit. Enfin M. le Comte d’Artois voulut bien nous tirer d’affaire en conférant l’abbaye de St.-Séverin à M. Delille, et ce fut avec une grâce infinie. Monsieur voulut bien aussi m’écrire à cette occasion-là, qu’il regrettait que la majorité des bénéfices à sa nomination ne fussent que des prieurés ou des abbayes de filles, ce qui se trouvait principalement vrai pour ses domaines de la Provence et de la Normandie.

Je vous dirai de Monsieur, qu’il aurait bien voulu pouvoir échanger sa Duché-Pairie d’Alençon contre celle de Créquy, par la raison que la possession de ce grand domaine était suivie d’un droit de collations admirables, y compris celui de présentation pour l’archevêché de Synopolis, en vertu d’une bille obtenue du Pape Innocent III, par l’Empereur Baudoin, votre vingt-et-unième aïeul : privilége agréable et magnifique, en ce qu’il donnait aux Sires de Créquy le droit de conférer, non pas seulement la crosse et la mitre, prérogative appartenant à tous les patrons et collateurs abbatiaux, mais le pouvoir de conférer le caractère épiscopal avec la croix pectorale et le pallium, ainsi que les XIV glands d’or aux cordelières de synople. Je pense bien que l’importance de cette prérogative n’était pas tout-à-fait étrangère au sentiment d’affection particulière et de considération que le clergé français a toujours témoigné pour votre maison ; mais pour en revenir à cette convoitise de Monsieur qui ne s’accordait guère avec les projets de votre père et les intentions de toute ma vie, je vous dirai que si la révolution