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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Vous pensez bien que je n’avais jamais ni fabriqué ni fait imprimer aucun logogriphe. Quand il était seulement question d’une charade, je m’écriais et m’enfuyais ; et, quant à l’énigme composée par Monsieur, je vous avouerai que je n’ai jamais essayé d’en trouver le mot. M. de Penthièvre eut la bonté de lui parler de Mme de Créquy, qui n’était pas en humeur et dans l’usage de se prêter à des espiègleries d’écolier, et la première fois que j’allai faire

    « Je suis non loin du bénitier
    « Quoique je sois hors de l’église ;
    « Je suis féminin, masculin,
    « Douteux en grec, neutre en latin ;
    « En hébreu je ne le puis dire
    « Sans vous dévoiler mon secret.
    « Avec les mânes je soupire ;
    « Je suis voilé, mais indiscret,
    « Et c’est la rage qui m’inspire.
    « D’émouvoir j’ai reçu le don.
    « Je suis présent à la parade.
    « De l’énigme j’ai l’abandon,
    « La profondeur de la charade.
    « Je sais employer sans abus
    « L’importance du hiérogliphe,
    « La réticence du rébus
    « Et la noirceur du logogriphe.
    « Enfin je suis un malheureux,
    « Un sylphe, une ruine, une belle,
    « Je suis un disque lumineux
    « Et je suis une bagatelle.
    « Pour deviner, je suis un lynx ;
    « Hercule me trouva futile.
    « Pour me cacher je suis un sphinx ;
    « C’est… une chose fort utile.

    (Note de l’Éditeur.)