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SOUVENIRS

comme un ache-pie : mais ne parlons plus des mariages sans-fruit (comme devait être celui de ce Roi de Prusse).

Le Prince Eugène de Savoie-Carignan, second frère de Mme de Lamballe, avait épousé secrètement une jeune fille de condition, qui s’appelait Mademoiselle Magon de Boisgarin. Elle était d’une ancienne et fort honorable famille originaire du diocèse de Sainl-Malo ; mais comme celle famille était bien loin d’être princière, ou d’être seulement chapitrale, les Rois de Sardaigne, aînés de la maison de Savoie, n’ont jamais voulu reconnaître le mariage de leur cousin. Il a fallu pourtant s’occuper d’assurer un état nobiliaire à ses enfans qui ne sont non plus bâtards que vous et moi, et le Roi Victor-Emmanuel a fini par leur accorder la qualification de Comtes de Carignan, en leur concédant les armes de leur nom, chargées d’une brisure sur la croix de Savoie. Leur mère a été titrée Comtesse de Villefranche, et voilà toute l’histoire de cette branche des Carignan, qui n’a rien de princier. Vous prendrez garde à ne pas vous y laisser tromper, et je vous le recommande[1].

Il y avait eu, dans le monde galant des mousquetaires et des abbés coquets, une jolie demoiselle appelée Lolotte. Elle épousa le Comte d’Hérouville,

  1. Les journaux italiens ont annoncé dernièrement que le Roi de Sardaigne Charles-Albert, aujourd’hui régnant, venait de concéder le titre de Prince au dernier rejeton de ce rameau, et qu’aux termes du même décret, il se trouverait appelé à la succession de la couronne Sarde, en cas d’extinction de la branche royale (Note de l’Éditeur.)