gine, que lorsqu’elle entend un carrosse entrer dans sa cour. Elle avancera vers vous avec un air de bienveillance exagérée : vous connaissez ce sourire forcé et cette fausse douceur que la politesse imprime sur quelques visages. Au seul nom de sa sœur, Olympe quittera subitement cette expression factice, et la froideur avec l’embarras auront obscurci sa physionomie d’une manière aussi prompte que marquée. Ce que vous avez à lui demander, c’est qu’elle donne asile à cette bonne religieuse dont le monastère est interdit par suite de quelque dissension théologique entre la Supérieure et son Évêque. Olympe vous répondra qu’elle connaissait bien peu ses deux sœurs, qu’elle en a été fort négligée ; mais qu’elle n’en conserve pas moins le désir de pouvoir leur être utile ; cependant qu’il lui paraît infiniment difficile de garder chez elle une religieuse, et que, d’ailleurs, elle n’imagine pas où elle pourrait la loger… Si vous prenez la liberté de lui faire observer que sa maison paraît assez grande pour y pouvoir placer une personne qui, depuis dix ans, se contente d’une cellule, Olympe vous répondra sèchement : — Madame, je dois loger ma sœur convenablement, ou ne point la loger du tout. Elle aura pensé que cette réponse était si noble et si spirituelle, qu’elle en prendra, n’en doutez pas, un air de satisfaction capable de vous ôter le peu d’estime et de patience qui aurait pu vous rester. »
Je vous ai déjà parlé de M. Grimod de la Reynière à propos de sa gourmandise et du bon exemple qu’il donnait à son fils ; il me reste à vous dire un mot sur la frayeur qu’il avait du tonnerre. Aussitôt que le ciel annonçait un orage, il allait s’enfermer dans une grande et belle cave