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SOUVENIRS

ou de réputation pour qu’on leur fasse la grâce de s’occuper d’eux et l’honneur de les citer pour le ridicule. Enfin, le dernier des Paris, l’honnête et généreux Duverney, n’est plus de ce monde, et c’était le seul fermier-général qui ne me parût pas déplacé dans un salon. Reste donc la maison de Mme de la Reynière, où je ne vas jamais, quoiqu’elle m’ait fait assurer que la famille de son père était alliée de la mienne. Au reste, il est à considérer que Mme de la Reynière est un personnage à part dans la finance : et si l’on en croit son oncle M. l’Évêque d’Orléans, c’est un phénomène et comme une perle dans un tas d’huîtres. La Comtesse de Genlis en a fait un portrait si fidèle et si naturellement vrai, qu’au lieu d’y trouver un encouragement d’émulation, j’en perdrais courage ; elle en avait retranché quelques-uns des traits les plus saillans en le faisant insérer dans un de ses premiers ouvrages ; mais voici ce portrait de Mme de la Reynière, ainsi qu’il avait été composé du premier jet, en 1769, et comme je le tiens de Mme de Genlis (aujourd’hui Marquise de Sillery).


« Olympe est une grande personne sans beauté, sans grâce et sans agrément d’aucun genre. Elle a tout juste assez de bonté pour ne pas être appelée méchante, et assez de jugement pour ne pas faire de sottises irréparables. La fortune immense qu’elle possède n’a pu la consoler encore du chagrin de n’être que la femme d’un financier ; n’ayant point assez d’esprit et de dignité dans le caractère pour surmonter une pareille faiblesse, elle en souffre d’autant plus qu’elle