En quittant le quartier de ces honnêtes gens, nous allons traverser celui des gens de finance au pas de course, à raison du mauvais air, et pour ne pas nous arrêter en mauvaise compagnie. Je ne voudrais pas faire monter mon petit-fils chez Mme la Poupelinière, et je n’oserais pas non plus vous faire entrer chez Mme Lalive d’Épinay. Le vieux Beaujon, qui vient d’acheter l’hôtel de Pompadour, est au-dessous d’une épigramme ; il est si ras-terre et si platement bénêt, que personne n’a le courage de s’en moquer ; ce serait grêler sur le persil. Les frères Bouret n’ont pas non plus assez d’importance.
ville, etc. Il ne faut pas le confondre avec son cousin le Lieutenant-Général de police (Jean-Charles-Pierre Lenoir), à qui la ville de Paris a tant de grâces à rendre pour une administration qui lui mérita l’affection générale ainsi qu’une réputation européenne. J’ai su qu’il repoussait toujours les révélations des domestiques, en disant que ce serait chose contraire à la probité. Il apprenait sans corrompre et ne parlait jamais de rien, sinon pour avertir les chefs de famille ou pour admonester les délinquans. Je vous puis dire qu’il a préservé l’honneur et sauvé la fortune de bien des familles. C’est à lui qu’on doit l’établissement de la Halle au Blé, le pavage et l’éclairage des faubourgs, l’institution du Mont-de-Piété, la suppression des vaisseaux de cuivre pour les laitières, et la destruction du cimetière des Innocens qui se trouvait au milieu de Paris. Il était l’ami de la noblesse et le père du peuple ; enfin c’était le magistrat par excellence, et pourtant les jacobins l’ont épargné : sitôt qu’il y avait de l’émotion dans Paris, les sans-culottes de son district envoyaient une sauve-garde à la porte de sa maison, rue de Vendôme, au Marais.
M. Lenoir était né en 1732. Il est mort en 1807, le même jour que le Baron de Breteuil, lequel était précisément du même âge que lui.