galerie, la vaste bibliothèque et la belle chapelle[1]. Voyez les plafonds de Lebrun et les tableaux de Lesueur, avec les portraits de Mignard et les curieuses tapisseries à grands personnages ; voyez donc ces immenses rideaux et ces hautes portières en velours amaranthe, avec leurs rebrasses en forme d’épitoges et de larges bordures d’hermine, en place de crépines et autres superfluations (style de palais), car il faut vous dire que les étoffes brochées et les franges d’or ne seraient pas de costume ici. Vous êtes chez un magistrat de l’ancien temps, dans un logis noblement austère, et la vielle Dame auprès de qui je vous amène, est la veuve du Premier Président de Mesmes, Elizabeth de Harlay. Elle est bien et duement Comtesse douairière d’Avaux et de Beaumont-le-Roger, Marquise de St-Étienne-en-Forez et Vicomtesse de Neufchâtel-en-Vexin ; mais il en est céans pour les titres féodaux comme pour les tissus brillans et les franges d’or ; on les possède en nature et sans affiche ; on garde les uns dans ses archives, et la valeur des autres est dans le coffre-fort. Remarquez bien cette vieille cousine de la Présidente, dont l’air est si bienséant et si digne, c’est Mademoiselle de Thou, la dernière de cette illustre famille. Cette jolie personne à l’air dévot et modeste, s’appelle Madame Brisson, c’est un nom vénérablement historique, et pour qui j’éprouve
- ↑ Ce magnifique hôtel avait été bâti pour le célèbre Claude de Mesmes, Comte d’Avaux, négociateur de la paix générale de Westphalie, en 1642. Il a été dévolu par héritage à la famille Lambert d’Herbigny, dont il a pris le nom d’hôtel Lambert qu’il porte aujourd’hui. (Note de l’Auteur.)