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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

italien, non plus que son air de singularité naïve ; mais, quoi qu’il en soit, voici quelques détails sur ce visionnaire, à peu près comme ils sont racontés par Cagliostro[1].

« Parmi les protégés du Grand-Maître, mon père, il y avait à Malte un grand dignitaire espagnol qui passait toute sa vie dans les églises, et qui se mourait de chagrin par suite d’un cauchemar de la nature la plus fatigante et la plus obstinée. Tous les Chevaliers castillans, ses compatriotes, attestaient la vérité de son aventure en ce qui concernait un meurtre, un remords dévorant, des pèlerinages et des pratiques de dévotion continuelles, mais ils ne pouvaient affirmer le surplus ; et voici comment il m’a conté son aventure, à laquelle on attribuait son cauchemar. »

« Je suis entré dans l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem de Malte avant d’être sorti de l’enfance, me dit le Grand-Prieur de Lima-Vasconcellos, ayant été reçu de pagenaria, c’est-à-dire, et comme vous le savez sûrement, pour être au nombre des pages de son Altesse Éminentissime le Grand-Maître, qui était alors Don Raymond de Perellos y Zuniga, y Lopès de Zapatan, y Sa de Catalayud. Ce prince avait eu deux aïeules de notre maison, ce qui me procura l’honneur

  1. Plusieurs journaux littéraires ont annoncé la publication prochaine des Mémoires inédits de Cagliostro, où l’on retrouvera sûrement le fond et les principaux incidens de cette anecdote fantastique.
    (Note de l’Éditeur.)