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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

— Pour les malédictions, il n’est pas difficile de s’en acquitter, disais-je à M. de Caylus ; mais, comme le verbe outrager renferme substantiellement et présuppose absolument l’idée de quelque sensibilité pour les injures, ayez donc l’obligeance d’apprendre à mon jardinier comment on peut outrager de la graine de basilic.

M. de Caylus qu’il ne faut pas confondre avec son oncle l’antiquaire[1], était un des adeptes les plus zélés de la nouvelle secte. Il avait eu la satisfaction de communiquer avec Belzébuth et quand il ne pouvait s’empêcher de jurer en bonne compagnie, c’était par Cœur de Satan. Il avait une fois emmené votre père avec M. de Lauzun, M. de  Fronsac et le Duc de Chartres, dans les carrières de Montmartre, afin de leur y faire voir le diable ; mais, à leur entrée dans la caverne, ils furent assaillis par une grêle de coups de bâton dont ces quatre Messieurs ont été couverts de meurtrissures et d’emplâtres pendant près d’un mois. Ils ne furent pas autrement maltraités car on ne les dévalisa point : Lauzun m’a dit que c’était comme des coups de fléau qui seraient tombés sur eux du même côté d’un certain passage assez étroit et fort obscur qu’il fallait

  1. Anne-Philippe de Pestels de Tobières de Grimoard de Lévis de Caylus, Sire de Pestels et Sénéchal du Rouergue, Comte de Caylus et de Saint-Clair, Baron de Sallers, de Régniès et de Lacoste en Montalbannais, Chatelain de Villeneuve, Castelnau-de-Vareyres et autres lieux, lequel était petit-fils de l’auteur des Souvenirs de Caylus. C’est le Marquis de Lignerac, son arrière-neveu, qui est devenu l’héritier de leur grandesse d’Espagne et qui est Duc de Caylus aujourd’hui.
    (Note de l’Auteur.)