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SOUVENIRS

homme remarquable par ses talens militaires, son caractère emporté, son esprit naturel et ses bizarreries. Il se piquait d’une grande franchise, avec les ministres surtout, mais cette franchise dégénérait souvent en brusquerie pour ses égaux et même en propos tellement offensans qu’il en résultait des querelles et des duels interminables. Toutefois la grande naissance et le vrai mérite de M. de Turpin, son dévouement au Roi, sa générosité, sa belle et noble figure, sa force remarquable, et ses succès à la guerre ainsi qu’auprès des dames, l’avaient placé dans le monde à la tête de ce qu’il y avait eu de plus brillant et de plus recherché. On racontait de sa jeunesse une quantité d’aventures plus folles et plus hardies l’une que l’autre ; il s’en était toujours tiré avec bonheur ; et, si les rieurs étaient restés de son côté, il n’en avait pas toujours été ainsi pour la raison ni le bon droit.

Louis XV aimait beaucoup le Comte de Turpin, et S. M. s’était arrêtée chez lui (à Esgligny) pendant quelques heures au retour d’une partie de chasse. Il examinait de la terrasse du château les prairies qui s’étendaient à perte de vue, et S. M. louait grandement la beauté des bestiaux nombreux qu’on voyait dispersés sur ce pâturage. — Ah ! oui, dit le Comte de Turpin, mes vaches mangent

    régiment de Turpin, grand’croix de l’ordre de Saint-Louis, etc. Étant veuf de Gabrielle de Lusignan-Lezay, morte en 4755, il avait épousé, en 1759, Bénédicte-Sophie de Loëvendall, fille aînée de Waldemar, Comte de Loëvendall et de l’Empire, Maréchal de France et Chevalier des ordres du Roi.

    (Note de l’Auteur.)