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SOUVENIRS

moyen de maintenir en fièvre d’observation durant plusieurs années. Les meilleurs amis de M. de Nesle furent obligés de convenir qu’il n’avait ni cœur ni tête ; et voilà tout l’historique de ce fameux procès. Ne vous laissez pas dérouter par l’ignorance ou la mauvaise foi de certaines gens qui voudraient y donner plus d’importance et de consistance.

Le Maréchal avait épousé en premières noces une Colbert de Torcy, dont il avait eu la Marquise de Voyer d’Argenson, belle-fille du Ministre de la guerre. En secondes noces il avait pris pour femme une Demoiselle de Séricourt d’Esclainvilliers, dont il a eu le Duc de Mailly, qui n’a pas d’enfans. Aussi, craignant avec raison de voir s’éteindre sa branche et peut-être la maison de Mailly, car le fils unique de M. de Nesle est un singulier gentilhomme, voilà M. le Maréchal de Mailly qui vient de se remarier à soixante-dix-huit ans avec Mademoiselle de Narbonne-Fitzlaer, dont il est bien persuadé qu’il aura des enfans. C’est une jeune femme du premier mérite, et ce que j’en puis dire est d’autant moins entaché de partialité que je ne l’ai jamais vue, sans compter que la Vicomtesse de Narbonne, sa mère, est un objet d’aversion pour moi. Il est resté de la branche de Nesle un vilain Prince héréditaire d’Orange qui passe sa vie dans la plus misérable compagnie du monde. Il y parait à son ton, ses manières et son mauvais propos ; il n’est pas comme le Duc de Fitz-James, il n’a pas trouvé moyen de marcher dans la boue sans se crotter. Quand je demande à Mme de Coislin, sœur de ce Marquis, comment ils en agissent à présent avec