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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

que, la paix étant faite, il allait lui en rester beaucoup à réformer et à pensionner.

— Voici une lettre qu’il a pris la peine de m’écrire de sa main, disait un jour Mme de Maintenon, devant ma grand’mère, à Mme la Duchesse de Bourgogne. — Quelle main, s’écria la princesse, indigne de porter un sceptre, indigne de porter l’épée, indigne de porter toute autre chose que des liens de corde !…

Je vivrais dix mille ans que je ne pourrais jamais triompher de mon abomination pour les Nassau, pour cette famille de révoltés et d’usurpateurs, pour cette race hypocrite, avare et fourbe !

C’était du Comte ou plutôt du Maréchal de Mailly que je devais vous parler, car il était devenu Maréchal de France, et jamais le bâton fleurdelisé n’avait été saisi par une main plus ferme et plus experte. Son fils avait été créé Duc de Mailly, et le Roi finit par s’impatienter contre M. de Nesle, au point de lui faire dire qu’il eût à ne jamais reparaître à Versailles s’il ne discontinuait ses chicanes, attendu qu’il agissait en personne déraisonnable, en homme déloyal peut-être, et sans aucun doute en parent dénaturé. Savez-vous ce que fit alors M. de Nesle ? Il abandonna ses premières poursuites et se mit à procéder contre le Maréchal de Mailly à titre de parent, et pour exercer le droit de retrait linéager sur un de ses domaines, en vertu d’un article du testament d’un Sire de Mailly, leur aïeul commun. Ce Prince d’Orange aurait été Stathouder qu’il n’aurait pas mieux fait ! Et ce fut une belle conclusion pour toute la noblesse de France, qu’il avait trouvé