Page:Créquy - Souvenirs, tome 4.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.
29
DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

fonde, et qu’il n’est pas en moi d’approuver ni d’encourager des corrections si rudement appliquées à bout portant.

Le Roi me dit un jour : — Est-ce que le Marquis d’Estourmel est de vos parens ? et comment se fait-il qu’il reconnaisse vos adversaires pour être de la maison de Créquy ?

— Je ne crois pas qu’il soit directement parent de mon fils, répondis-je à S. M. mais si le Roi me le permet, je lui dirai sur ce M. d’Estourmel le peu que je sais. Sa parente, Mme d’Ossun, nous a raconté qu’à l’âge de 30 à 40 ans il allait toujours se placer à table à côté de son vieux père qui n’y voyait goutte, et que c’était pour lui dérober et lui manger tout ce qu’on mettait de meilleur sur son assiette. Il répondait à la Comtesse d’Ossun, qui lui reprochait sa goinfrerie : — Laissez donc ! c’est un vilain homme ; il a rendu ma mère très malheureuse ; il était du parti des Piccinistes contre le chevalier Gluck !

— Ce doit être une fameuse autorité historique et généalogique ! me dit le Roi. Pensez-vous qu’il descende effectivement d’un certain Cretin-Creton qui serait monté sur les remparts de Jérusalem avant tout le monde ?

— Ah ! mon bon Roi je n’en sais rien du tout, ni eux non plus. Ils disent aussi que ce brave homme en a rapporté pour eux je ne sais quelle relique, en part de prise. C’est une imagination qui leur est venue dans la tête, on ne sait comment, et tout le monde en a ri dans leur province.

Mme de Puysieulx nous disait aussi qu’ayant été