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SOUVENIRS

ne l’apprenait guère à moins d’être gentilhomme, ou d’être magistrat, généalogiste ou légiste. Fontenelle avait su que les mots de blason qui sont employés dans une satire de Boileau lui avaient été dictés par le Commandeur d’Estampes et personne n’ignore de qui Molière avait appris tous les termes de vénerie qu’il a mis dans sa comédie des Fâcheux[1]. Voltaire n’y mettait pas autant de scrupule et de précaution que La Bruyère et Despréaux ; il a parlé souvent d’héraldique et n’en savait pas un mot. Il est aisé de s’en apercevoir.

« J’estime fort cette bonne pensée de monsieur Gaudin, dit Gilles Ménage, c’est à sçavoir que Adam et Ève devaient manquer de récréation et trouver dans le paradix terrestre moins de plaisir que nous icy-bas, parce qu’ils n’avaient pour s’amuser ni les généalogies, ni les histoires de Concille, ni les livres de Blazon. »

Voilà donc nos adversaires en possession des armes de Créquy, jaune sur rouge, au lieu de gueules en champ d’or. Il fallut nous y soumettre, et toutes les réclamations de mon fils s’en vinrent échouer devant la prescription plus que centenaire et l’impossibilité de trouver que cette famille eût jamais porté d’autres armoiries qu’icelui créquier à sept branches lancées, porte l’arrêt, qui néanmoins défend aux Lejeune de rien innover dans la disposition de la pointe inférieure de cette pièce tranchée, non pas arrachée comme aussi de joindre à leur blason les cimier, tenant, support, devise en invocation, cris

  1. C’était du Marquis de Soyecourt, Grand-Veneur de France.