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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Cour et des ordres du Roi, qui jugeait souverainement lesdites preuves, qu’il admettait ou rejetait avec une intégrité qui ne s’est jamais démentie et sur laquelle on n’a jamais entendu s’élever le moindre soupçon. On l’accusait au contraire d’une rigueur inflexible et d’une sévérité fort impolitique. Je vous demande un peu si la politique est en droit d’intervenir dans les honneurs de la Cour ! Quoi qu’il en soit à l’égard de la politique, on peut être assuré que toutes les familles qui sont en possession d’un certificat dudit M. Chérin constatant qu’il a vérifié et admis leurs preuves de noblesse afin d’être présentées à Leurs Majestés, on peut être assuré que lesdites familles, au nombre de 94, sont d’une antiquité contemporaine aux premiers âges de la monarchie française, et que leur noblesse, sans origine connue n’est pas moins ancienne et moins vénérable que celle de la race salique, c’est-à-dire la plus noble et la première famille de l’univers.

Cependant plusieurs de ces anciennes familles avaient perdu la plus grande partie de leur patrimoine ; et certes on n’en sera pas surpris en observant, l’histoire à la main, que la noblesse française a fait la guerre à ses dépens pendant plus de huit siècles, le service militaire n’ayant cessé d’être onéreux et ruineux pour les gentilshommes de notre pays que lorsque le Roi Louis XIII organisa pour la première fois une armée française, d’après le nouveau système indiqué par le Cardinal de Richelieu. Plusieurs de ces familles en étaient donc réduites à quelques débris de leurs anciens domaines, dont le morcellement datait quelquefois de l’époque